Histoire locale –Morainvilliers

Un certain nombre d’articles relatifs au patrimoine historique de Morainvilliers ont été publiés dans les bulletins d’Histoire d’Orgeval :

  • Les deux libérations de Morainvilliers  19 - 25 août 1944 par R. Poignant. Bulletin n° 8 - 2003.
  • Morainvilliers par l'abbé Bellet (1946). Bulletin n° 9 - 2004.
  • 50 ans de vie municipale à Morainvilliers par R. Poignant. Bulletin n° 10 - 2005.
  • Histoire de la boulangerie de Morainvilliers par R. Poignant. Bulletin n° 11 - 2006.
  • Monographie de l'instituteur de Morainvilliers (1899). Bulletin n° 12 - 2007.
  • L'école publique de Morainvilliers vers 1920-1930 par R. Poignant. Bulletin n° 13 - 2008.
  • Retour du bas-relief de saint Roch à l’église de Morainvilliers par G. Poignant. Bulletin n° 26 - 2021.
  • Repose du bas-relief de saint Roch à l’église de Morainvilliers par G. Poignant. Bulletin n° 27 - 2022.
  • Le château Davillier, une nouvelle mairie pour Morainvilliers par G. Poignant. Bulletin n° 28 - 2023.
  • Et la lumière fut ! L'électricité arrive à Morainvilliers par G. Poignant. Bulletin n° 29 - 2024.

 

 I - Eglise Saint-Léger de Morainvilliers

L’église Saint-Léger de Morainvilliers, construite à mi-hauteur du village, se détache au loin, sur un fond de verdure grâce à sa puissante tour carrée et à sa couverture en ardoise.
De par sa situation, dégagée des habitations, à l’orée de la forêt, sa noble simplicité dégage un charme certain.

Eglise de morainvilliers L’église Saint-Léger

 

Historique

Comme tant de petites églises rurales, il est impossible d’en dater précisément la construction, ni les différentes phases de reconstructions ou de remaniements.
Une première église, sans doute construite dans le courant du XIe siècle, entra dans le temporel de l’abbaye du Bec-Hellouin en 1083. Quelques siècles plus tard elle était dans le fief des seigneurs de Morainvillier1 puis par mariage dans celui de Maule.
Elle eut à subir au moyen-âge les vicissitudes des conflits puis les affres du temps. Elle fut donc reconstruite puis remaniée au cours des siècles pour l’essentiel au XVe et au début du XVIe siècle.
L’église est consacrée à saint Léger mais saint Gorgon y était vénéré à l’identique.
Elle est inscrite à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1937.

 

Extérieur

Une allée bordée de marronniers séculaires conduit au flanc nord de l’édifice sur lequel s’ouvre l’unique portail du XVe siècle à arc surbaissé agrémenté de deux petits pinacles.
L’église présente à l’extérieur une certaine austérité due à la massive tour clocher, à la prédominance des lignes droites et l’absence totale de modénatures.
La tour, assise sur la quatrième travée du collatéral fut reconstruite vraisemblablement au XVe siècle sur les fondations de la tour du XIe siècle. Puissamment étayée aux angles, elle s’élève sur quatre niveaux. Dotée à l’origine de baies en plein cintre, sa verticalité est rompue par une corniche saillante entre le troisième et quatrième niveau dans lequel s’ouvrent sur chaque face deux œils-de-bœuf légèrement ovoïdes. Le toit pyramidal, en ardoise, est surmonté d’une croix et d’un coq girouette. Le beffroi de la tour ne possède plus aujourd’hui qu’une seule cloche datée de 1547.

 

Intérieur

L’intérieur présente la même simplicité qu’à l’extérieur, tant dans le plan et l’élévation, que dans la décoration architecturale qui est réduite à quelques culots sculptés de feuillages et à deux clefs pendantes

 

La nef :

La large nef très large se développe sur quatre travées, elle est flanquée au nord d’un bas-côté.
Une sacristie a été construite sur le flanc gauche du chœur et ouvre directement sur la nef.
Elle n’a jamais été voutée en pierre mais a reçu un voûtement en plein cintre en lambris de châtaignier.
L’éclairage direct est assuré par trois simples baies percées sur le mur gouttereau ainsi que deux oculi sur le mur pignon.

La nef La nef

 

Sur les verrières du XIXe siècle sont représentés : saint Gorgon, saint Léger et saint François d’Assise.

Saint-Gorgon Saint-Gorgon Saint-Léger Saint-Léger Saint François d'assise Saint-François d'Assise

Deux niches dans le mur pignon accueillent deux statues en pierre peinte :
Une sainte femme dite sainte Barbe - Ier quart du XVIe et un saint dit saint Gorgon – XVIe siècle.
Trois autres statues sont placées sur des consoles :
Saint Antoine Abbé, portant l’habit des Antonins, accompagné de son cochon – XVIe siècle
De chaque côté du chœur, deux évêques anonymes – XVIe siècle
Sur le mur sud, un grand tableau peint par J.J Dumont, daté de 1749, représente la Pentecôte.
La chaire est du XVIIIème siècle.

 

Le chœur

Le chœur -1ère moitié du XVIe siècle - profond d’une travée se termine par une abside de même largeur, à trois pans.

Clé du choeur la charité
              La clef pendante, La Charité
L’ensemble est vouté en pierre, d’arêtes sur croisées d’ogives ; les six nervures rayonnent autour d’une belle clef pendante développant sur trois faces la représentation des vertus théologales : la Foi, l’Espérance et la Charité associées aux écus écartelés des familles de Morainvillier et de Maule.
A la retombée des voutains de l’abside s’ouvrent des baies dont les piédroits témoignent de la présence de remplages flamboyants aujourd’hui disparus.
Dans le chœur a été installée sur une console une statue en pierre de la Vierge à l’Enfant.
C’est la statue la plus ancienne de notre église. Sur son socle figurent les seules armoiries des seigneurs de Morainvillier « d’argent à neuf merlettes de sable 3 3 2 1 » ; elle est donc antérieure à 1398, date de la réunion des familles de Morainvillier et de Maule.
Un bas-relief en bois peint représente la Glorification de la Vierge. De facture malhabile, il pourrait dater du XVIIIème siècle.
Le magnifique crucifix en bois sculpté accroché dans le chœur est daté de la première moitié du XVe siècle.
Les autres vitraux sont modernes, (hormis dans l’écoinçon dieu le Père) et représentent en filigrane l’Hospitalité d’Abraham d’après une icône orthodoxe d’AndréÏ Roublev du XVe siècle.
Une ouverture dans le chœur donne accès à l’abside de la chapelle latérale.

 

Le bas-côté

Le bas-côté de quatre travées comme la nef se termine par une chapelle axiale à chevet plat, autrefois consacrée à la Vierge.
Refaite à l’identique au XIXe siècle, elle est voutée sur croisées d’ogives calées par une clef pendante sur laquelle figure, pami des feuillages, une tête de mort, peut-être le souvenir d’une chapelle funéraire. Dans la niche absidiale a été placée une statue en bois de saint Gilles.
Au-dessous ont été réinstallés des panneaux, en bois provenant de l’ancien maître autel, réalisé au XIXe siècle, représentant saint Roch ainsi que les fonts baptismaux en pierre.
La Vierge figure dans la baie à remplage du XVe siècle, au-dessous, contre le mur une dalle funéraire de la deuxième moitié du XIIIe représente un chevalier anonyme.

Bas côtéLa chapelle avec la statue de saint Gilles et les panneaux en bois représentant saint Roch Chevalier visageLa dalle funéraire, la tête du chevalier

La quatrième travée est la souche du clocher qui est supporté par quatre grosses piles.
Elle est voutée sur des croisées d’ogives qui semblent très anciennes et retombent du côté nord sur des chapiteaux munis de crochets et de feuillages.
Les dernières restaurations ont mis au jour la base d’une des piles, munie d’un tore au niveau du sol d’origine. Ce type de colonne et de chapiteau sont de la fin du XIIe siècle.
Les deux travées suivantes présentent les caractères de l’architecture du XVe siècle :
Les ogives retombent du côté de la nef, directement en pénétration dans la pile sans l’intermédiaire de chapiteau.
Un vitrail dans une baie à remplage représente sainte Geneviève.
Quelques culots sont garnis de feuillages, un seul représente un petit personnage tenant un phylactère derrière la porte d’entrée.
Toutes les statues (sauf celle de saint Gilles), le bas-relief, la dalle funéraire et le tableau sont classés au titre des Monuments historiques.

1 le patronyme s’écrit sans s terminal
Photos Gisèle Poignant