Histoire locale – Orgeval

 Sommaire :

 

 

I - Origine du nom

Diverses étymologies ont été avancées pour ce nom d’Orgeval, écrit de différentes manières : Orgivallis, Ourgeval (en 1370), Ordea Vallis fin XVe, Aurea Vallis, en celtique Orc Val, c’est-à-dire l’origine de la vallée et, toujours dans cette même langue, le Val d’Otgari, soit la vallée d’Otgari.                                            

(Voir livre Orgeval par monts et par vaux,  par Marc Wyseur, rubrique Publications).

 

 II - Archéologie

Plusieurs sites néolithiques ont été repérés sur Orgeval. Bien que peu abondants, des outils et éclats ont été récoltés, caractéristiques de la période campignienne.

(Voir  Bulletin Histoire d'Orgeval n° 1 - 1996 - Orgeval, site néolithique).

 III - Histoire

 

L’origine du village d’Orgeval remonte à des temps très anciens, de nombreux sites de pierres taillées ont été trouvés sur la commune. Mais ce n’est qu’au XIe siècle que nous trouvons le nom d’Orgeval dans une lettre patente royale, dite Charte de Robert le Pieux. On y voit notamment « L’autel d’Orgeval en Pincerais », autel désignant  : Eglise.

Depuis le XIe siècle, plusieurs familles de Seigneurs se sont succédé sur le territoire d’Orgeval : Heubecourt, Jean d’Orgeval, Le Coq, Le Courtillier, Féret, Luillier, et les Jarente de Sénas. Ces derniers revendront en 1776 leurs seigneureries d’Orgeval et de Tressancourt-le-Grand au futur Louis XVIII. Elles seront revendues six mois plus tard à Gilbert de Voisins Marquis de Villennes qui sera guillotiné en 1793, et dont tous les biens seront vendus.

Les seigneurs font construire au XIIe siècle une église, dont il ne reste que le clocher en pierre et l’abside. L’église est restaurée après la Guerre de Cent Ans et agrandie au XVIe et XVIIe siècles.

Vers 1180 le puissant seigneur Gasce V de Poissy fonde l’abbaye d’Abbecourt et la dote richement.

La chapelle Saint-Jean, probablement chapelle seigneuriale du château de Tressancourt est construite vers le début du XIIe siècle. Elle semble avoir été épargnée par la guerre de Cent Ans. Vendue à la Révolution à un bourgeois de Saint Germain en Laye, elle est rachetée en 1835 par la municipalité grâce à une quête publique.

Pendant la guerre de Cent Ans, victime de sa proximité avec Poissy, Orgeval est ravagée et pillée plusieurs fois, ses châteaux détruits, celui de Tressancourt ne sera pas reconstruit. L’église est en partie détruite et incendiée, l’abbaye d’Abbecourt dévastée et abandonnée.

Par tranches successives, l’abbaye est restaurée, et totalement reconstruite au milieu du XVIIIe siècle. Elle est saisie à la Révolution et vendue comme bien national, l’abbatiale est détruite en 1812, les autres bâtiments détruits et vendus en matériaux de construction en 1827. Il n’en reste qu’un mur.

Le territoire d’Orgeval s’étend sur 1532 hectares, avec 17 hameaux et 170 lieux-dits. Terre agricole depuis des siècles, Orgeval comptait de nombreuses grandes fermes, Les Bergeries, Beauregard, Les Flambertins, Les Beurreries, etc.., qui pratiquaient la polyculture et l’élevage et employaient de nombreux journaliers et ouvriers agricoles. Appartenant pour beaucoup aux religieux d’Abbecourt ou aux seigneurs locaux, elles furent saisies à la Révolution et vendues comme biens nationaux. Leurs terres ont été morcelées, mais l’activité agricole s’est poursuivie avec une spécialisation vers l’arboriculture, les cultures maraîchères et la culture des céréales. De grandes propriétés existaient, Le Couleau, le château du Haut Orgeval, La Bruneterie …, et de riches parisiens se sont fait construire au cours du XIXe siècle des résidences de villégiature.

Avant la Révolution, la population d’Orgeval était d’environ 1350 habitants, le chiffre a peu évolué jusqu’au milieu du XXe siècle, 1368 habitants au premier recensement de 1817,1490 à celui de 1936. La population a doublé entre 1962 et 1982, passant de 1948 à 3936 habitants. Elle était de 6179 habitants au 1er janvier 2018.

Orgeval était renommée pour sa production agricole et particulièrement ses fruits, qui étaient transportés aux Halles de Paris puis Rungis. Beaucoup de vergers ont disparu, remplacés par de nombreuses constructions. De grandes surfaces commerciales se sont implantées le long de la Route de Quarante Sous.

Sources :
Histoire d’Orgeval, Henri Griset. Réédition 1993. Monographie des villes et villages de France.
Autour d’Orgeval De la boucle de Poissy au pays de Cruye, Inventaire général, APPIF, Isabelle Duhau, 2000.

Bulletins Histoire d’Orgeval, un bulletin annuel à partir de 1996

Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul
Collection Hemery Martin

Chapelle Saint-Jean Chapelle Saint-Jean
Collection Histoire d’Orgeval

Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul
Photo J. Ernzen

Chapelle Saint-Jean Chapelle Saint-Jean
Photo J.Ernzen

Le mur d’Abbecourt en 2019 Le mur d’Abbecourt en 2019
Photo Histoire d’Orgeval

En 2021, après les travaux de sauvegarde En 2021, après les travaux de sauvegarde
Photo Histoire d’Orgeval

L’ensemble des cartes postales anciennes présentées sur le site est rassemblé dans notre ouvrage, Orgeval, Images d’un autre temps. 2009, Jeannine Hubert (voir notre rubrique Publications).

 

 IV - Eglise Saint-Pierre & Saint-Paul

Aucun document ne donne une date précise de l’érection en paroisse d’Orgeval. Le roi Robert II, décédé en 1031, fonde un établissement pour des religieux à St-Germain-en-Laye. Son fils, Henri Ier, donne cette maison à l’évêque de Paris, Imbert de Vergy, avec des bénéfices non négligeables, dont l’autel d’Orgeval en Pincerais. Plus tard, Imbert de Vergy donnera cette maison à l’abbaye de Coulombs près de Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir).

Les rois suivants, Philippe Ier, Louis VI, Louis VII, confirmeront les possessions de l’abbaye de Coulombs, mais Orgeval n’apparaît plus sur les chartes. Orgeval serait donc resté sous la dépendance de cet établissement de St Germain devenu Prieuré de Coulombs. D’ailleurs, le prieuré touchera une partie de la dîme jusqu’à la Révolution, et la cure est restée à la présentation de l’abbaye de Coulombs.

 

Architecture et histoire

Le clocher, en pierre sculptée d’imbrications, fut édifié au XIIe siècle, vers 1150. D’une hauteur de 37 mètres, c’est l’un des plus beaux de la région. La tour, de forme octogonale ceinte de deux rangs de corniches à petits modillons, composée de deux étages de baies cintrées, s’élève sur un massif carré dont les angles supérieurs sont rabattus.

Au XIIIe siècle environ, une chapelle est construite destinée aux seigneurs d’Orgeval, accolée au nord du clocher.

A l’origine, l’église romane ne comportait que l’abside et une nef unique couverte d’une charpente en bois et éclairée par quelques petites fenêtres étroites dont une subsiste sur le mur sud, coupée en deux par le mur du transept. Pendant les travaux de 1979, l’ancienne porte romane sur la costière sud, ouvrant sur l’ancien cimetière (transféré en 1807 rue de Montamets) a été dégagée à l’extérieur. Celle trouvée sous la rosace ne l’a été, à l’intérieur, qu’en 1998.

Pendant la guerre de Cent Ans, vers 1440, l’église fut incendiée et laissée à l’abandon.

Vraisemblablement les seigneurs d’Orgeval successifs décidèrent la reconstruction ou l’agrandissement de l’édifice. Le transept fut édifié, le côté nord devenant certainement la nouvelle chapelle seigneuriale (Chapelle de la Vierge), l’ancienne devenant sacristie (c’est la chaufferie actuelle). A l’extérieur, sous la fenêtre murée de ce transept nord, un arrondi en pierre pourrait être une ancienne porte d’accès à cette chapelle. C’est à la même époque sans doute, que fut construit l’escalier qui mène au clocher.

La partie sud du transept fut ensuite aménagée pour y implanter une nouvelle chapelle, dédiée à Saint-Jacques, et ornée d’une coquille à la clef de voûte, avec une entrée particulière. Pour la réaliser, la moitié de la fenêtre du transept fut obturée. Elle est encore visible de l’extérieur à l’est. C’est la sacristie actuelle.

Au XVIe siècle, la nef a été voûtée en pierre et des contreforts ont été édifiés sur la costière sud pour renforcer l’édifice en raison du poids de la nouvelle charpente de la voûte. Puis le collatéral nord fut construit, renforcé également de contreforts, avec un grand portail qui porte la date de 1549 dans un cartouche de sa voussure orné au-dessus d’une statue de Saint Jacques.
La rosace à plusieurs lobes a été insérée au XVIe siècle dans le pignon ouest, occultant une ancienne fenêtre romane.

Les étapes successives de la construction font donc que les différents styles : Roman, Gothique flamboyant et Renaissance se côtoient.

Plan construction

 

 

Roman

////////////////

Flamboyant

………….

Renaissance

Vitraux

  • Rosace, Baptême du Christ
  • Adoration des Rois Mages
  • Nativité
  • Visite de Marie à Elisabeth
  • Evocation de Sainte Véronique
  • Ascension du Christ
  • Jésus remet les clés à Pierre
  • la Crucifixion
  • Trois vitraux offerts en 1859, anonymement
  • Reste du vitrail de l’ancienne fenêtre
  • La Pentecôte
  • Jésus au temple
  • Présentation de la Vierge Marie au Grand Prêtre
  • La Sainte Famille

Tableaux et statues

  • Christ aux liens, XV-XVIe
  • L’Annonciation,  XVIe
  • La Sainte Famille, XVIe
  • Saint Antoine de Padoue, XIX-XXe
  • Saint Paul, XIX-XXe
  • Peut-être Sainte Anne, XVe
  • Saint Sébastien XVIe
  • Christ de Pitié XIVprésentant les stigmates
  • Religieux, XVIe
  • Saint Pierre, XIX-XXe
  • Saint Joseph, XIX-XXe
  • Vierge à l’Enfant - XVIe
  • Saint Michel, XIX-XXe
  • Jeanne d’Arc, XIX-XXe
  • Reniement de Saint Pierre

 

 

Le clocher fut classé par les Monuments Historiques en 1886, le portail inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1926, et le reste de l’édifice en 1962.

De nombreux travaux de consolidation, réparation ou de restauration furent effectués au cours des siècles. Entre 1844 et 1848, importante restauration du clocher, et dans les cinquante dernières années, entre 1978 et 1979. En 1998, sont entrepris des travaux de réparation des dégradations dues la présence d’eau sous l’église. A partir de 2015, commencent à nouveau des travaux en conservation du clocher et de sa flèche où étaient apparues de nombreuses fissures. Puis en 2017, avec l’aide de la Fondation du Patrimoine, c’est la restauration de l’ensemble des soubassements et du portail Renaissance, voussure du portail, des colonnes et de la porte d’entrée. La statue de Saint-Jacques a été remplacée par une copie, l’original restauré devrait être scellé dans l’église.

 

Abside et Choeur

L’abside, cintrée en berceau, comprise entre deux épais bandeaux, dont chacun repose sur deux fortes colonnes engagées, les chapiteaux de ces colonnes ne présentent que des feuilles à peine indiquées, est éclairée par trois petites fenêtres romanes.

 

La chapelle de la Vierge

Le haut d’un vitrail est visible au-dessus de l’autel, après la suppression d’une fenêtre au XVIIIe siècle lors de l’installation de l’autel.

L’autel de la Vierge est en boiserie du XVIIIe siècle surmonté d’un retable à deux colonnes, Au centre, la niche abrite une statue de la Vierge, en bois polychrome, coiffée d’un voile et portant son fils. Cette Vierge à l’Enfant du XVIe siècle proviendrait de l’Abbaye d’Abbecourt. Elle a été classée par les Monuments Historiques en 1915.

 

La chapelle Sainte Geneviève

L’autel est surmonté de la boiserie qui correspond à la description de celle de l’ancien banc d’œuvre monumental d’époque Louis XIV, provenant d’Abbecourt sans doute.

Le bandeau noir sur les murs et piliers de l’église correspond à un cérémonial effectué lors du décès du seigneur du village. C’est « la litre mortuaire », elle faisait le tour des murs et comportait les armes des seigneurs.

Les travaux de 1998 ont aussi permis une découverte importante pour Orgeval, la pierre tombale des derniers seigneurs d’Orgeval, Balthazar de Jarente, son épouse Elisabeth de Rambaud et de deux de leurs petites filles, à la croisée du transept.

L’examen des registres paroissiaux montre que, de 1696 à 1779, plus de quatre-vingts personnes ont été inhumées partout dans l’église.

 

Mobilier

Les onze stalles en chêne, d’époque Louis XIV, ont été classées par les Monuments Historiques en 1970. Elles proviendraient d’Abbecourt, rachetées en 1827 au moment de la revente des bâtiments de l’abbaye par M. Moureau, percepteur d’Orgeval qui en fit don à l’église.
Un menuisier d’Orgeval, Etienne Désiré Hue a réalisé en 1845 la chaire à prêcher et en 1849 le confessionnal.
Le chemin de croix est signé Edouard Cabanes et porte la date de 1898.

C’est également M. Moureau qui fit don en 1838 à l’église du tableau Le Reniement de Saint Pierre. Ce tableau était installé jusqu’aux travaux de 1998 au-dessus du portail d’entrée de l’église. Transféré et stocké dans de mauvaises conditions, il avait subi de gros dégâts. Grace à la municipalité, il a été restauré en 2020 par Laure Seigneur, d’Orgeval et sa stagiaire Marie Béatrice Collognat. Il est maintenant accroché face à l’autel Sainte-Geneviève.

 

(Voir Bulletins Histoire d’Orgeval n°1 – 1996. L’église Saint-Pierre et Saint Paul et n°14 – 2009 Histoire de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul d’Orgeval, pour l’architecture et l’histoire générale de l’église) et les nos 4, 5, 8, 23, 24, 25 et 26 pour la description des travaux de restauration, etc…

 

Sources :
Histoire d’Orgeval, Henri Griset. Réédition 1993. Monographie des villes et villages de France.
Autour d’Orgeval, de la boucle de Poissy au pays de Cruye, Isabelle Duhau. APPIF. 2000

 

 V - Chapelle Saint-Jean

La Chapelle Saint Jean fut probablement à l’origine la chapelle castrale du château de Tressancourt, mais aucun document ne permet d’affirmer son origine.

C’est un petit édifice roman de forme oblongue, terminé en carré, composé d’un vaisseau unique, très simple, appuyé de contreforts et percé de fenêtres en ogive. Le toit sans division est surmonté d’un petit campanile moderne en forme de bulbe. Le portail est de forme ogivale, XIIe siècle, à l’archivolte deux tores ronds reposent sur des impostes, le tympan est lisse.

Elle fut probablement construite à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe. Elle figure en 1273 dans le testament du chevalier Mathieu de Cloëncourt qui fait un legs de cinq sous à la chapelle Saint-Jean-de-Tressancourt.

Elle ne semble pas avoir autant souffert de la guerre de Cent Ans que les autres édifices d’Orgeval, châteaux de Tressancourt et d’Orgeval, église d’Orgeval et abbaye d’Abbecourt, totalement ou partiellement détruits et ruinés pendant cette période.

Saisie à la Révolution, elle est vendue aux enchères le 22 janvier 1799 à un bourgeois de Saint Germain en Laye, Gabriel Iréné Helloin, époux de Marie Jeanne Rousseau, née à Orgeval en 1754. En 1802, les époux Helloin permettent que le culte puisse être de nouveau célébré dans la chapelle. En 1835, leurs héritiers mettent en vente la chapelle. La municipalité d’Orgeval organise une quête publique pour son rachat, réalisé en 1836.

Les 2 cloches avaient été exclues de la vente à la Révolution et avaient échappé à la saisie et à la fonte. La plus petite a été refondue par souscription publique en 1868 et nommée Marie Germaine, mais la plus grosse, baptisée Jeanne Marie en 1720, est toujours restée dans sa chapelle.

Ho354 chapelle ancien Carte postale de la chapelle Saint-Jean à la fin du XIXe siècle
Collection Histoire d’Orgeval

 

Pour sa sauvegarde de nombreux travaux de restauration ont été faits aux XIXe et XXe siècles. En 1912, un contrefort à l’angle nord-est a été supprimé. Entre 1983 et 1988 de nouvelles tranches de travaux sont lancées. On découvre à cette occasion deux petites fenêtres romanes dans la partie haute du pignon, au-dessus du porche. Elles sont réouvertes, et l’ouverture en losange au-dessous bouchée à l’extérieur. Une ancienne porte latérale en ogive est retrouvée et remise en service. En 1993, une nouvelle souscription permet de changer les vitraux.

Une messe y est célébrée chaque année pour la fête patronale de la Saint-Jean.

R 3179 chapelle ext horizontal R 3117 choeur
La Chapelle Saint-Jean en 2021 Photos J. Ernzen

 

A l’intérieur, l’autel tombeau surmonté du tabernacle est adossé au mur.

Dans la deuxième travée, est installée sur le mur nord une statue en bois polychrome de Saint-Pierre assis bénissant l’assistance. Elle date du XVe siècle. Deux statues décapitées en pierre représentant des ecclésiastiques reposent sur des consoles. Dans la première travée, une statue décapitée en pierre polychrome pourrait être une statue de Saint Louis. Toutes ces statues décapitées ont été retrouvées lors de travaux dans l’église d’Orgeval. A gauche du portail en entrant dans la chapelle est scellée une statue de Saint-Jean-Baptiste, avec un agneau à ses pieds.

Le chemin de croix, composé de tableaux en plâtre peint encadrés de bois a été offert à la Chapelle en 1883 en souvenir de Julien Giguet.

R 3120 st pierre 1 Statue de Saint-Pierre R 3166 vitrail 1 Vitrail latéral R 3144 st jean 1 Saint-Jean-Baptiste R 3110 st louis 1 Saint-Louis
Photos J. Ernzen

 

(Voir Bulletin Histoire d'Orgeval n° 13 - 2008. La chapelle Saint Jean).

 

 

 

 

 VI - Abbaye Notre-Dame d'Abbecourt

 

1 - Histoire de l’abbaye

 

Il est probable que le nom d’Abbecourt vienne de la déformation d’Heubecour, nom des seigneurs du même domaine au Xe siècle. Vers 1150, le Chevalier Albéric d’Heubecour, seigneur du lieu, fait construire sur ses terres une chapelle dédiée à Saint-Siméon. Il dote cette chapelle et la donne avant sa mort, avec ses revenus, au prieuré des Hautes-Bruyères près de Chevreuse.

En 1180, un important différend s’élève entre la supérieure du couvent des Hautes-Bruyères et Guimbert, abbé de Coulombs (Eure et Loir) dont dépend la paroisse d’Orgeval. Ce dernier revendique la chapelle et ses revenus en raison du « droit paroissial de l’Eglise d’Orgeval qui était sous sa juridiction ».

Gasce V de Poissy, seigneur de Maisons-sur-Seine est choisi comme arbitre. Il attribue la chapelle aux chanoines prémontrés de Marcheroux, (Beaumont-les-Nonains près de Beauvais dans l’Oise), pour y établir une abbaye. Les chanoines construisent alors, près de la chapelle Saint-Siméon, « tout ce qui était nécessaire » pour y installer douze des leurs avec un abbé.

C’est ainsi qu’est fondée, vers 1180, l’abbaye d’Abbecourt, ordre de Prémontré, aux frais de Gasce V de Poissy qui la dote richement. L’église est consacrée en 1191 par l’évêque de Chartres, Renaud de Bar qui revenait de croisade.

Les donations à l’abbaye d’Abbecourt ne cessent pas : Saint-Louis en 1244, Mathieu de Cloëncourt,  seigneur d’Abbecourt en 1266, la Reine de Navarre en 1345, puis Charles V, François 1er, Henri II…

La Guerre de Cent ans ruine l’abbaye : vers 1346 Abbecourt est complètement ravagée. Entre 1420 et 1437, avec l’arrivée des Anglais, elle est pillée de fond en comble, les bâtiments saccagés. L’abbaye est pratiquement détruite et dans l'abbatiale les sépultures des seigneurs de Poissy et autres notables sont anéanties. L’abbaye est désertée jusque vers 1450.

C’est François 1er, en 1531, qui permet à l’abbaye de rentrer en possession de tous ses biens aliénés. On ne sait rien des travaux de restauration qui suivirent la destruction de l'abbaye, mais en 1630, d'après les notes d'un religieux de l'abbaye, J. Blondeau, elle présente un bel aspect.

De la fin du XVIIe siècle jusqu'au début de la deuxième moitié  du XVIIIe, l'ensemble des bâtiments de l'abbaye est totalement reconstruit par les abbés successifs. Jean-François Raimbert (abbé de 1714 à 1729) commença cette restauration, suivi de Charles Régnier. Louis Grisard (1739 à 1761), ancien aumonier du roi, donna à l'abbaye son visage définitif avec la reconstruction de l'abbatiale et du cloître à partir de 1741. En 1770, l'abbaye est présentée comme "une des plus belles et dans le meilleur état de tout l'ordre". Le dernier abbé est François de Coulmiers (1787 à 1790), qui fut élu député du clergé lors des Etats Généraux.

En 1790, tous les biens de l'abbaye sont confisqués puis vendus en bien nationaux. L'église est détruite en 1812, les bâtiments disparaissent en 1827, vendus comme matériaux de construction. Il ne reste que les ruines d'un mur entre deux champs....

0 abbecourt photo vers 1900
Photo des ruines vers 1900
01 ruines d abbecourt dessin ed bories 1901
Ruines d'Abbecourt, dessin d'Edmond Bories
dans sa Notice Historique
02 piliers et mur abbecourt vers 1900 1910 03 pilier et mur abbecourt carte postale vers 1910 1920
Anciennes cartes postales représentant les murs d'Abbecourt dans les années 1950

07 mur abbecourt 2009 04 mur eglise interieur abbecourt 2007


Ruines en 2007

Photos Histoire d'Orgeval

09 mur abbecourt exterieur 2009 08 defrichement mur d abbecourt exterieur 2009

 

 

05 defrichement mur abbecourt interieur 2009               06 mur abbecourt interieur 2009


 
Défrichement du mur en 2009.

Photos Histoire d'Orgeval

 

 

 

2 - La Fontaine minérale

 

De l'autre coté de la route, face aux ruines du mur, une source fut découverte (ou redécouverte)  en 1708 par le Sieur Ferragus, médecin de l’abbaye de Poissy. Il en fit part en 1709 au Sieur Gouttard, médecin du Roi à Saint-Germain-en-Laye. Tous deux feront l’analyse des eaux et communiqueront le résultat de leurs recherches à M. Fagon, premier médecin de Louis XIV. Celui-ci, convaincu de leur efficacité, les ordonnera lui-même à différentes personnes de la Cour, et obtint un heureux succès. M. Gouttard ajoute que : « la réputation de ces eaux s’est tellement augmentée par le nombre des cures singulières qu’elles ont opérées qu’il n’y a point d’années où il n’ait été sollicité d’en donner un traité au public ».

C’est ainsi qu’il écrit le Traité des eaux minérales d’Abbecourt, édité chez Laurent d’Houry à Paris en 1718. Histoire d'Orgeval a réédité cet ouvrage en fac-simile en 2007, disponible auprès de notre association. (Voir la rubrique Publications).

Ces eaux guérissent :

  1. « Les maux de tête, les vertiges, les chaleurs d’entrailles, les vapeurs des deux sexes, l’asthme sec, les palpitations de cœur, l’affection hypocondriaque et le scorbut… »
  2. « Les vomissements, les maux et faiblesse d’estomac, fièvres, jaunisse, squirres naissants (cancers), rhumatismes… »
  3. « arrêtent les dévoiements, guérissent les dysenteries et coliques… »
  4. « elles conviennent aux coliques néphrétiques ou des reins, à l’expulsion des calculs, graviers ou matières glaireuses… »

 

Photo

 

Pierre d’écoulement, trouvée au fond du bassin de la fontaine minérale, lors d’une fouille dans les années 1990. On aperçoit la trace laissée par l’eau très ferrugineuse de cette source.
     Photo Histoire d'Orgeval.

 

En 1713, Louis XIV fit "rétablir cette fontaine à la sollicitation de M. Fagon..... Selon toutes les apparences, cette source avait été autrefois en réputation et avoir eu un bassin qui avait été détruit..." . Il fit construire pour abriter les curistes un petit bâtiment avec "une salle carrée de quatorze pieds de haut et de dix-huit pieds de vide où l'on descend par treize degrés de pierre de taille".

La fontaine fut détruite et comblée entre 1824 et 1827.

Fontaine minerale aristeas 2

Représentation de la fontaine minérale dans la reconstitution 3D
© Aristeas

 

 

3 - Fontaines couvertes

 

Ces fontaines sont très anciennes, mais nous n’avons rien trouvé dans les archives les concernant. Elles alimentaient en eau l’abbaye. Elles sont toujours visibles du même côté de la route que la fontaine minérale, un peu plus haut dans les arbres.

A gauche du chemin, un simple creux dans le sol indique l’emplacement de la fontaine minérale.

Pour accéder aux fontaines couvertes, on passe à côté d’un ancien lavoir, appelé le lavoir de la maison des gardes dont on connait peu de choses aussi. Le chemin continue par le « sentier des écureuils » dans les bois vers la ferme des Bergeries, qui appartenait jusqu’à la Révolution à l’abbaye.

 

01 1re des 2 fontaines couvertes 02 vue d ensemble des 2 fontaines couvertes
Photos Histoire d'Orgeval
Fontaines couvertes
Emplacement de la fontaine minérale
Emplacement de la fontaine minérale
Photo Histoire d'Orgeval
Le lavoir
Le lavoir
Photo J. Ernzen
La maison des gardes
La maison des gardes
Photo J. Ernzen
Les fontaines couvertes
Les fontaines couvertes
Photo J. Ernzen
La grande fontaine
La grande fontaine
Photo J. Ernzen
L'intérieur de la grande fontaine
L'intérieur de la grande fontaine
Photo J. Ernzen

 

 

4 -  Reconstitution de l’abbaye en images de synthèse 3D

 

En 2013, Jean Pruvost, président de l’Association Histoire d’Orgeval prend la décision de faire réaliser une reconstitution de l’abbaye en images de synthèse 3D. L’objectif du projet était de faire connaître au temps de son apogée, juste avant la Révolution de 1789, cette abbaye dont il ne reste aujourd’hui qu’un mur. Au décès de Jean Pruvost en 2015, c’est Michel Fillon qui prend le relais et mène à terme le projet jusqu’à son décès en 2018. La réalisation du projet a été possible grâce à une subvention exceptionnelle de la municipalité d’Orgeval, à un don important du Crédit Agricole Ile de France Mécénat et aux dons de nos adhérents.

Le projet a été confié en 2014 à la société Aristeas, agence de création multimedia basée à Arles, spécialisée dans la modélisation 3D de l’architecture et du patrimoine, société recommandée à l’association par les Archives Départementales des Yvelines.

De nombreux documents concernant Abbecourt, textes et plans, ont été retrouvés par Histoire d’Orgeval aux Archives Départementales des Yvelines. Ils apportent des informations concernant l’ensemble de l’abbaye : architecture, distribution des lieux, dimensions, aménagement intérieur et extérieur. Ils sont parfois contradictoires, et Aristeas a dû faire avant la reconstitution une étude détaillée, avec l’analyse de ces documents, le relevé du mur encore en place, l’étude d’autres édifices (abbayes de l’ordre des Prémontrés ou autres bâtiments) construits à la même époque par l’architecte Claude-Louis Daviler pour combler les manques laissées par les sources.

Les premiers travaux de reconstruction de l’église en 1741, avec un premier architecte Herbet et un entrepreneur, Godard, dépassèrent de beaucoup le devis initial et c’est l’architecte Claude- Louis Daviler qui termina la reconstruction. Les mémoires d’architecte et des procès-verbaux au moment des travaux et pendant la période révolutionnaire ont apporté beaucoup d’informations sur l’architecture des lieux et l’aménagement intérieur et extérieur :

L’état des travaux faits par l’entrepreneur Godard, jusqu’au 6 novembre 1742 » renseigne essentiellement sur l’église et l’aile du cloître.

 L’état initial du bâtiment, l’état des constructions ainsi que le procès-verbal du 3 octobre 1743 concernent les travaux effectués et le devis de Claude-Louis Daviler fin 1743, début 1744, le reste à faire.

« Le Rapport d’Estimation des Batimens Cours jardins Bois et dépendances provenant de la cidevan Abbaye D’abbecour paroisse et Municipalité D’Orgeval » par Pierre-Hyppolite Le Moine en 1790 au moment de la saisie de l’abbaye donne une description précise de l’ensemble des bâtiments et des jardins, de leur disposition et de leurs dimensions et de l’intérieur des bâtiments.

« L’expédition du procès-verbal de l’apposition des scellés dans l’abbaye d’Abbecourt » en décembre 1790 et « L’inventaire du 26 janvier 1791 de l’abbaye d’Abbecourt » ont fourni une description complète de la décoration intérieure et du mobilier. Le contenu de chaque bâtiment, chaque pièce de l’abbatiale ou des communs est décrit en détail, et même la couleur des murs et des tapis précisée.

Différentes cartes et plans représentent le site de l’abbaye d’Abbecourt aux XVIIe et XVIIIe siècles (cartes de chasse, plans de paroisse, cadastre…) et un plan, redessiné en 1951 par Henri Griset d’après un document du XVIIIe siècle, présente les dispositions de l’abbaye après les travaux menés par Daviler.

Plan de l’abbaye au XVIIIe siècle Plan de l’abbaye au XVIIIe siècle
ADY 46H3

 

 

Aujourd’hui simple clôture entre deux champs, le mur restant, long de plus de 60 mètres et haut de 3 mètres environ, a été essentiel pour confirmer l’architecture des bâtiments de l’abbaye.  Il correspond au mur extérieur de l’église abbatiale, du bâtiment des chanoines et des communs et cuisine.

Superposition des vestiges en place sur la modélisation 3D Superposition des vestiges en place sur la modélisation 3D
© Aristeas

 

La juxtaposition de ces différentes données et la comparaison avec d’autres édifices construits à la même époque par Daviler (abbayes des Prémontrés de Mondaye et Pont à Mousson, château de Tanlay et autres) a permis à Aristeas de restituer une image cohérente et sans doute très proche de l’organisation de l’abbaye à la fin du XVIIIe siècle.

Le résultat est un film 3D qui permet de se promener virtuellement de la Fontaine minérale à l’intérieur et l’extérieur des bâtiments de l’abbaye, reconstituée au temps de sa splendeur.

Quelques images de la reconstitution :

Ensemble batiments Abbecourt Ensemble des bâtiments
© Aristeas
Vue d’ensemble des bâtiments et des jardins Vue d’ensemble des bâtiments et des jardins
© Aristeas
Intérieur de l’abbatiale d’Abbecourt Intérieur de l’abbatiale d’Abbecourt
© Aristeas
Cellule d’un chanoine Cellule d’un chanoine
© Aristeas
Chambre d’hôte Chambre d’hôte
© Aristeas
Salon du Père abbé Salon du Père abbé
© Aristeas

 

L’ouvrage « Les grandes heures de l’Abbaye Royale Notre-Dame d’Abbecourt » qui contient le DVD du film rappelle l’histoire de l’abbaye et détaille les étapes de l’étude qui ont permis de la reconstituer. On peut également y retrouver le texte intégral des différents procès-verbaux dressés à la Révolution et les références précises des documents des Archives Départementales des Yvelines utilisés pour la restitution.

Voir dans nos publications : « Les grandes heures de l’Abbaye Royale Notre-Dame d’Abbecourt ».  Jeannine Hubert. Maury Imprimeur. 2018 et Bulletin Histoire d’Orgeval n°19 - 2014 : Abbecourt, éléments d’une reconstitution virtuelle.

Sources :
ADY 46 H 14, 1 Q 139, 3 Q 57.
Histoire d’Orgeval, Henri Griset. Réédition 1993. Monographie des villes et villages de France.

 

5 - L'espace scénographique Jean Pruvost et le mur restauré

 

En septembre 2019 a été inauguré l’Espace scénographique Jean Pruvost sur le site, aujourd’hui site naturel protégé, où s’élevait l’abbaye d’Abbecourt.

Autour du mur, seul vestige de l’abbaye, un parcours de visite mêlant nature et histoire a été aménagé par la municipalité d’Orgeval. Des panneaux explicatifs utilisant les images de reconstitution 3D ont été mis en place, pour présenter l’ensemble de l’abbaye, indiquer la position des différents bâtiments qui la composaient et décrire chacun d’eux : abbatiale, bâtiment des chanoines, cuisine et communs, bâtiment des hôtes, logis du Père abbé. Un chemin le long de la rue de l’Abbaye mène au vieux lavoir et aux Fontaines couvertes.

Une aire de pique-nique a été aménagée près du mur historique.

Panneau 1 Panneau 2
© Aristeas

En septembre 2020 ont commencé des travaux financés par la municipalité d’Orgeval pour sauvegarder les pans de mur en ruines et recouverts par la végétation. L’objectif était d’arrêter la dégradation du mur et de le restaurer dans la mesure du possible en enlevant la végétation, en remontant les pierres tombées et en consolidant leur assemblage.

Le résultat de ces travaux terminés au printemps 2021 est spectaculaire.

Les pierres tombées, nettoyées, ont été réutilisées, et le mur consolidé a retrouvé un nouveau visage.

On retrouve sur le mur intérieur de l’abbatiale le départ des pilastres cannelés, dans le mur du bâtiment des chanoines la base des fenêtres et la porte donnant au jardin et dans le mur du bâtiment des communs les départs des voutes des caves.

Dans une tranchée creusée le long du mur ont été retrouvés des fragments et objets, dont une statue d’environ 50 cm de haut, sans tête ni mains, représentant un prélat.

Le mur en 2019 Le mur en 2019
Photo Histoire d'Orgeval
Le mur en 2021
Le mur en 2021
Photo Histoire d'Orgeval
Après arrachage de la végétation
Après arrachage de la végétation
Photo Michel Duval
Pendant les travaux de consolidation
Pendant les travaux de consolidation
Photo Michel Duval
Le mur, l’intérieur de l’abbatiale
Le mur, l'intérieur de l'abbatiale
Photo J. Ernzen
Statue trouvée au pied du mur
Statue trouvée au pied du mur
Photo Michel Duval

 

6 - Ordre de Prémontré

 

Né de la réforme grégorienne, l’Ordre de Prémontré, fondé par Saint-Norbert, avait choisi la règle de Saint-Augustin. Il s’agit en fait de religieux fidèles à la règle communautaire et à la solennité liturgique tout en étant engagés dans le monde de la prédication.

« L’Ordre de Prémontré, né en 1121 dans la forêt de Prémontré à proximité de Laon et de Soissons, connaît un essor extraordinaire aux XIIe et XIIIe siècles et se répand dans toute l’Europe jusqu’à Chypre et jusqu’au nord de la Russie… Dès le XIVe siècle, l’Ordre subit un fléchissement, dont les causes proviennent de la guerre de Cent Ans, du schisme d’Occident, de la peste noire… Sur les quelques 800 maisons que Prémontré comptait dans l’Europe médiévale, c’est à peine s’il en reste 200 au début du XVIIe siècle… » (Extrait de L’Ordre de Prémontré au XVIIIe siècle, Dominique-Marie Dauzet et Martine Plouvier, Peter Lang SA, Editions scientifiques internationales, Berne 2011).

Aujourd'hui, seules subsistent en France deux abbayes, l'abbaye de Frigolet près d'Avignon, et l'abbaye de Mondaye en Normandie.

 

7 - Armoiries d’Abbecourt

 

Amoiries abbecourt et logo h o 1

« D’Or à l’Aigle le vol abaissé de Sable »

Ces armoiries seraient celles de l’abbé d’Abbecourt
Jean VII Enguerrand mort le 26 octobre 1480.
Elles devinrent officiellement en 1699 celles de l'abbaye d’Abbecourt.
C’est ce blason que notre association a adopté pour Histoire d’Orgeval.

 

                      

 VII - Mairie

 

                                  458 mairie      455 mairie

L’ancienne mairie se situait derrière l’église, en bordure de la rue du Dr Maurer, face à l'actuel café-restaurant Les Cépages et à l’agence du Crédit Agricole. Elle fut démolie après l’installation en 1972 de la nouvelle Mairie dans la Villa Chartier, propriété achetée par la municipalité en 1971.

 

                  

                                  299 chartier      207 villa chartier

Cette villa fut construite en 1905 par Frédéric Chartier, maire d’Orgeval de 1892 à 1925, sur les plans de M. Buffet, architecte d’Hardricourt. Frédéric Chartier et son frère Louis Isidore créèrent les célèbres Bouillons Chartier à Paris. Le premier fut ouvert en 1896 rue du Faubourg Montmartre. Il existe toujours. Avant la Première guerre mondiale, il y en avait une vingtaine dans Paris...

 

Mairie orgeval

La villa Chartier, nouvelle mairie depuis 1972.

 

 

 

 VIII - Les Ecoles

 

1 - Ecole des garçons

 

Les seules traces que nous en ayons à Orgeval débutent après la Révolution. En 1790, une demoiselle Guérard instruisait les petites filles . Par ailleurs, le vicaire Avelot, en 1793, était vu charrier du bois depuis Abbecourt pour chauffer l’école dans laquelle il enseignait des enfants, les garçons probablement.

Abritée initialement dans un petit bâtiment accolé à la sacristie de l’église, l’école fut transférée au 2 rue de la Chapelle, dans la maison Pigis, à une date inconnue. Elle accueillait alors garçons et filles. L’instituteur établira son logement dans le petit bâtiment collé à l’église.

En 1845, le Conseil municipal se préoccupe de la construction d’un bâtiment qui pourrait recevoir l’école des garçons, la mairie, et la pompe à incendie. Ce ne sera qu’en 1850, grâce à une subvention accordée par le Ministère de l’Instruction publique, que la construction sera achevée.

En 1850, lorsque les garçons quittent la maison Pigis pour leur nouvelle école, c’était surtout pour des raisons d’insalubrité. Et voilà qu’en 1854 on y installe les filles ! C’était bien pour elles ! Malgré tout, quelques menus travaux ont été effectués mais l’insécurité et l’insalubrité sont demeurées.

 

  01 ancienne ecole des garcons
Ancienne école des garçons, derrière l'église

05 ecole pasteur 1963 vue aer
Nouveau groupe scolaire Pasteur

 

Dans les années 1954 - 1955, un nouveau groupe scolaire est construit, l’école Pasteur. (Voir Bulletin Histoire Orgeval n °26 - 2021. L'école Pasteur ouvre ses portes en 1955).

 

2 - Ecole maternelle et école des filles

 

L’école est construite en 1856, grâce à la générosité de propriétaires aisés de la commune, sur un terrain situé dans notre actuelle rue du Docteur Maurer. Ces propriétaires exigent que les institutrices soient des religieuses. Les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul en prennent la direction en novembre 1856. (Voir Bulletin Histoire d'Orgeval n° 15 - 2010. De l'école communale des filles à l'école privée Sainte-Jeanne d'Arc).

 

 

01 ancienne ecole maternelle 1 02 ecole filles 1917
Ecole Maternelle

                                                                                                                              03 ancienne ecole filles 1

Ecole des filles, remplacée de nos jours par la Résidence des Cèdres.

                                                                                          

 

3 - L’école Jeanne d’Arc

 

La loi de 1882 sur l'instruction publique impose le remplacement des soeurs par des institutrices laïques, les soeurs sont expulsées. Les dons de notables orgevalais permettent la réalisation d'un nouvelle école. Les travaux sont réalisés en 1884, tout d’abord avec la construction d’un grand bâtiment où se trouvent de nos jours le presbytère, de la maison d’habitation de la directrice, et d'une partie du bâtiment principal de l’école.

Le 8 octobre de la même année, Monseigneur Goux, Evêque de Versailles, se rend à Orgeval  pour bénir les nouveaux locaux. (Voir Bulletin Histoire d'Orgeval n° 15).

 

03 ecole jeanne d arc
Ecole Ste Jeanne d'Arc, rue de la Chapelle.
Jeanne d arc edmond bories
Tableau d'Edmond Bories, vers 1900

 

 

 

 IX - Les Moulins

 

          1 - Ancien moulin de Colombet

 

Au XIIIe siècle ce moulin s’appelait le Moulin de Colombel, et appartenait aux chanoines de l’abbaye d’Abbecourt. Au cours du temps, le nom a été déformé et est devenu Colombet. Au XVIIIe siècle, ce moulin devient propriété des seigneurs d’Orgeval jusqu’à la Révolution où il sera vendu.

 

Ancien moulin de colombet

 

 

2 - Le moulin des Bouillons

L’ancien moulin à eau des Bouillons appartenait aux chanoines Prémontrés de l’abbaye d’Abbecourt depuis le XVe siècle. Les chanoines le louaient à des meuniers. Lors de la   Révolution,  le moulin est vendu en 1792, comme tous les biens appartenant à des ecclésiastiques.

En 1921, Frédéric Chartier, maire d’Orgeval, achète le moulin et le transforme en hôtel-restaurant réputé, connu aujourd’hui sous le nom de Moulin d’Orgeval.

Frédéric Chartier fut le créateur, avec son frère Louis Isidore, des « Bouillons Chartier » à Paris, le premier fondé en 1896. La chance était avec eux, ils ouvrirent d’autres restaurants dans Paris - on en comptait une vingtaine avant la Première Guerre mondiale - et devinrent célèbres. Les Bouillons Chartier étaient fréquentés par le Tout-Paris : artistes, midinettes, employés, vedettes de la chanson, du cinéma ou du théâtre, tous venaient pour y déguster entre autre le fameux bouillon de pot-au-feu.

L’esprit Chartier était : des prestations de qualité accessibles à toutes les bourses, dans un décor Art Nouveau dont des tables en marbre et fonte, et surtout les fameux « tiroirs à serviettes ».

(Voir Bulletins Histoire d'Orgeval n° 5 - 2000. Frédéric Chartier, ancien maire et  no 7 - 2002. Le moulin des Bouillons).

 

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Moulin orgeval

 

 X - La Bruneterie

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Madame Sainton, personne fortunée, devenue veuve et ayant perdu ses deux fils, décide la transformation d’un bâtiment à usage agricole très ancien en un château permettant de recevoir plus confortablement ses nombreux proches et amis.

Madame Sainton, née Grüter, était la descendante d’un fidèle compagnon du roi Jacques II Stuart d’Angleterre, dont la conversion au catholicisme, et son alliance avec Louis XIV lui valurent de devoir s’exiler à Saint-Germain-en-Laye, où il mourut en 1701.

La date de 1881 figurait sur la façade du bâtiment, mais celui-ci, racheté par la municipalité en 1990, est resté à l’abandon et était complètement ruiné. Le bâtiment a été démoli en août 2017.

Une association de sauvegarde s’est créée il y a quelques années, grâce à Georges Barthe : Les Amis de la Brunetterie qui maintenant se consacre à la sauvegarde du parc dessiné par l’architecte paysagiste Edouard André, vous trouverez leurs coordonnées  -courriel et site- à la page des Liens.

(Voir Bulletins Histoire d’Orgeval n° 1 - 1996. La Bruneterie et n° 23 -2018. Disparition de la Bruneterie).

 

      1 brunetterie vers 1700              2 plan edouard andre               314 brunetterie

                           La Bruneterie vers 1700                Plan de l'architecte Edouard André                   Entrée de la Bruneterie

     247 la brunetterie            249 la brunetterie            307 brunetterie

                     Au premier plan les communs                          Parc de la Bruneterie                                     La maison

                                                                                     Anciennes cartes postales des années 1900-1910

 

 

 XI - Lavoirs et Fontaines

Au XVIIe siècle, une étude a été réalisée par Francini (fontainier du roi) pour le captage des eaux d’Abbecourt aux fins d’alimenter la ville de Saint-Germain-en-Laye. Les eaux devaient rejoindre l’aqueduc de Chambourcy qui allait à Saint-Germain. Cette étude était donc prévue pour relier Orgeval à Chambourcy.

Ce projet n’a jamais été réalisé même partiellement. La Cour et le Gouvernement s’étant installés définitivement à Versailles, c’est la machine de Marly qui alimentera le château, les jardins et plans d’eau de Versailles

Frédéric Chartier, maire d’Orgeval de mai 1892 à mai 1925, fit aménager de nombreux lavoirs. A deux reprises, il fit procéder à l’adduction de l’eau au Moutier, et des pompes furent installées au Haut Orgeval, à Montamets, à l’Orme Gauthier, à la Chapelle, à la Malrue, puis une borne-fontaine à Colombet. C’est à cette époque que furent créés ou aménagés les lavoirs des Pâtures, du Moutier, de l’Orme Gauthier.

(Voir  livre Histoire d’Orgeval par Henri Griset et les Bulletins Histoire d'Orgeval n° 3 - 1998. Fontaines et lavoirs et no 17 - 2012. Lavoirs, fontaines, abreuvoirs et mares...au XIXe siècle).

 

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Lavoir de montamets

Lavoir de l'orme gautier
Lavoir de la rue de la mare
Fontaine Saint Pierre
Fontaine Saint Pierre

 

 

 XII - Les Fermes

Il existait de nombreuses fermes à Orgeval dont plusieurs étaient très importantes. En voici quelques unes  :

1 - La Ferme des Bergeries

Cette ferme appartenait à l'abbaye d'Abbecourt toute proche jusqu'à la Révolution. Elle fut alors vendue et louée.

Les bâtiments de cette ferme ont été rénovés dans les années 2000, mais l'exploitation avait cessé dans les années 1970, les terres ayant été vendues par lots. Elle servit un temps de base militaire pour des exercices de tirs avant son rachat par des particuliers. (Voir Bulletin Histoire d'Orgeval n° 12 - 2007. La ferme des Bergeries).

 

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Ferme des Bergeries vers 1900-1910

Ferme des bergeries 005

Les bâtiments en 2000 avant rénovation.

 

 

2 - La Ferme de Montamets

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Ferme de Montamets vers 1900-1910

Cette ferme n’existe plus, les bâtiments ont été détruits en 1981.

 

3 - La Ferme de Beauregard

Ferme de beauregard 1

Bâtiment en 2000.

 4 - La Ferme des Flambertins

Ferme des flambertins
Cette ferme existait déjà avant la Révolution.

 

5 - La Ferme de la Butte

Ferme de la butte 001
Bâtiment en 2000.

De nos jours le bâtiment n’existe plus.

 

6 - La Ferme de la Folie

Croix de la folie

La ferme de la Folie appartenait aux Ursulines de Poissy, jusqu'à la Révolution. Elle fut alors vendue aux enchères. Cette croix indique l'emplacement de cette ancienne ferme dont les bâtiments ont été détruits vers 1875. (Voir Bulletin Les Fermes du Pincerais).

 

 

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 XIII - Les Grandes Propriétés

Vous pouvez retrouver l'intégralité des cartes postales anciennes présentées ici, dans notre livre Orgeval, Images d'un autre temps.      (Voir notre rubrique Publications).

 

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 XIV - Personnalités

Quelques habitants connus :

  • Catherine Rich (1932-2021) et Claude Rich (1929-2017) ont habité plusieurs années rue de la Butte jusqu'à leur décès
  • Allain Gillot Pétré (1950-1999) : journaliste
  • Didier Gustin : (1966- ) : humoriste
  • Pierre Messmer (1916-2007) : résistant, premier ministre de 1972 à 1974
  • Frédéric Chartier, né en 1845 à Orgeval d’une vieille famille orgevalaise choisit d’abord le métier de marchand boucher à Paris. Puis en 1896 il y ouvre avec son frère Louis Isidore le premier des célèbres « Bouillons Chartier ».
    Il est élu maire de la ville d’Orgeval en 1892 et le reste jusqu’en 1925. Il y fait installer l’électricité, le gaz et l’eau courante, et construire des lavoirs dans chaque hameau. Il avait fait bâtir en 1905 la Villa Chartier, où il est décédé le 5 avril 1926.
    La Villa Chartier achetée par la municipalité en 1971 devient en 1972 la nouvelle mairie d’Orgeval.
    (Voir Bulletin d’Orgeval n° 5- 2000. Frédéric Chartier, ancien Maire)
  • Henri Griset (1881-1959)
    Il est le fils de Jules Griset (1854-1915), industriel, exploitant de l’usine familiale de fonderie, et violoncelliste reconnu. Jules Griset achète en 1882 la propriété Le Champs des Biens par l’intermédiaire de son épouse, descendante d’une très ancienne famille orgevalaise. La famille y vient très souvent et la propriété est le lieu de nombreuses fêtes et concerts avec des musiciens célèbres, Saint-Saens, Emmanuel Chabrier entre autres.
    Directeur de l’usine familiale depuis 1910, Henri Griset s’intéresse aussi à la vie du village, dont il est élu maire de 1935 à 1947 puis de 1956 à 1959. Il améliore le confort et la vie des orgevalais. Il écrit aussi une Histoire d’Orgeval reconnue, publiée en 1951.
    (Voir Bulletin d’Orgeval n° 6- 2001. Henri Griset, ancien maire)
  • Raoul Nordling (1882-1962) :
    Consul de Suède connu pour son rôle lors de la libération de Paris en 1944, il acquiert en 1955 une maison de campagne au hameau de la Juste Pie où il passe une partie de l’année jusqu’à son décès en 1962.
    (Voir Bulletin d’Orgeval n° 22- 2017. Raoul Nordling et Orgeval)
  • Antonin Brocard (1885-1950)
    Ce général d’aviation a habité le Castel des Près pendant plusieurs années.
    (Voir Bulletin d’Orgeval n° 25- 2020. Antonin Brocard, général d’aviation résidant à Orgeval)
  • Marc Chagall (1887- 1976). Il résida à Orgeval de 1948 à 1950 avec sa compagne Virginia Haggard dans la propriété de l’Aulnette. Il y peignit notamment des huiles, La Nuit d’Orgeval est la plus connue, et des gouaches, comme le Paysage bleu. Il quitta Orgeval pour s’installer définitivement à Vence.
    (Voir Bulletin d’Orgeval n° 20- 2015. Marc Chagall à Orgeval)
  • Paul Strand (1890-1976).
    Ce célèbre photographe américain s’installa en 1950 avec sa future épouse Hazel Kingsbury au hameau de Montamets où il mourut en 1976. Ses tirages originaux se trouvent aujourd’hui dans les principaux musées du monde : le Musée d’Art Moderne de New-York, le John Paul Getty Museum de Los Angeles, ou le Musée d’Orsay.
    (Voir Bulletin d’Orgeval n° 15- 2010. Paul Strand)